La fabrique du sigle : entre focalisation référentielle et (re)dénomination

L’objectif de cet article est de dresser un état des lieux des particularités sémiosémantiques de l’unité sigle dans le paysage lexical du français contemporain. Bien que la visée première du texte ne soit pas empirique, la réflexion se nourrit de l’examen conjoint, à partir d’un corpus issu de la presse quotidienne générale française et québécoise (1987-2012), de l’usage d’une vingtaine de sigles ainsi que des syntagmes à partir desquels ils ont été formés. Ont été considérés les paramètres diachroniques, diatopiques et fréquentiels, ainsi que l’ancrage référentiel et le poids lexical relatifs de la forme initiale et du sigle. Sont également pris en considération les facteurs déterminants qui ont conduit à la saillance de certaines formes. Particulièrement, nous avons cherché à savoir si les syntagmes « source » correspondent à des séquences lexicalisées (c’est-à-dire à des signes lexicaux à part entière), et si des propriétés peuvent être dégagées, qui expliqueraient le fait que ces syntagmes aient fait l’objet d’une réduction. L’éventuelle coexistence et, le cas échéant, la distribution entre un sigle et la ou les séquences linguistiques qui lui sont ou lui ont été associées sont examinées. Nous tâchons de comprendre si des raisons particulières permettent d’expliquer la disparition (voire l’inexistence) vs le maintien dans l’usage des séquences originelles de sigles relativement courants.